Tai-Chi-Chuan

Le Tai Chi Chuan, art martial interne séculaire (ésotérique en complément des arts à exotériques comme le Kung Fu d’origine Bouddhiste – Temple Shaolin), d’origine taoïste du Mont Wudang, est l’œuvre de nombreuses techniques d’autodéfense développées tout au long des siècles d’affrontements et de guerre de frontière, en Chine.

Du vieux temple Shaolin proviennent les arts externes (école exotérique, travail par les muscles) d'origine bouddhiste, plus connu sous le nom de Kung-Fu. En opposition, nous trouvons les arts internes (école ésotérique, travail par le souffle) d'origine taoïste du Mont Wudang dont fait parti le Tai Chi Chuan.

D’après la légende, un moine taoïste du XIIIe siècle Zhang San Feng (Maître des Trois Pics) inventa le Tai Chi Chuan après avoir observé la confrontation d'un oiseau et d'un serpent. Le serpent par ses mouvements arrondis, ondulatoires et souples évita tous les coups de becs, vifs et rapides lancés par l’oiseau. Le moine s’en inspira pour créer les fondements du Tai Chi Chuan. Elle prône la supériorité de la souplesse à la dureté de la force.

La base du Tai Chi Chuan est fondée en parallèle sur celle de la pensée chinoise, le principe de la lutte et de l'union perpétuelle du Yin et du Yang pour acquérir une harmonie et un équilibre afin de parvenir au Tao.

Dans son essence le Tai Chi Chuan est art martial, un art de mouvement, de méditation, de détente, de respiration. Il est le mouvement de vie sans limite, tel la rivière qui demeure et change sans cesse au gré de son lit.

Le Tai Chi Chuan doit s'exécuter par la pensée et non la force, être à l'écoute de son corps, admettre ses tensions et seulement à ce moment là et sans effort, le relâchement et la décontraction se feront. « Le laisser agir par le non agir » « Wou Wei ».

Le Tai Chi Chuan n'est pas une simple gymnastique douce. L'accent n'est pas mis sur le travail musculaire, mais sur un travail intérieur du souffle, de l'énergie et de l'esprit. Votre corps doit se détendre dans la position debout en laissant la pesanteur vous tirer par le bas (enracinement) sans être ni trop souple ni trop ferme et en poussant doucement le sommet de la tête vers le haut dans un mouvement vertical afin que votre colonne vertébrale soit rectiligne, mais sans rigidité, pour permettre au flux respiratoire de circuler librement.

La respiration spécifique Tai Chi Chuan doit être « profonde, lente, fine et régulière »; il faut donc une pratique assidue pour atteindre cette forme de respiration influant aussi bien sur le corps et la circulation sanguine que sur le système nerveux. La respiration abdominale permettra au pratiquant d'enrichir l'oxygène de son sang et d'éliminer les toxines. Cette maîtrise de la respiration aura un effet immédiat sur le relâchement du corps (point fondamental en Tai Chi Chuan), la concentration et un sentiment de bien-être général.

Le Tai Chi Chuan permet de vous aider à trouver en vous un centre mouvant. Vous déplacez votre centre avec vous dans le mouvement tout en maintenant une tranquillité qui peut paraître être de l'immobilité, mais sans vraiment arrêter le mouvement : « un lac dont la surface a été dérangée et qui revient peu à peu à la tranquillité, le mouvement diminue mais il est encore présent comme la sérénité d'une eau paisible où apparaissent ça et là quelques petites rides ... ». C'est une méditation en mouvement.

Ceci nous permet de vivre avec conscience tout ce qui se passe autour de nous aussi bien que tout ce qui se passe en nous. "Dès que vous rendez la disponibilité à votre corps, vous vous rendez disponible au monde autour de vous ...".

Dans l'art du Tai Chi Chuan, « l'homme est comparé à un arbre, au tronc bien droit et solide, aux racines profondes (les pieds) et aux branches étendues (les bras), les uns et les autres flexibles et souples se meuvent en tous sens, mais toujours unis au tronc stable et vertical ».

La pratique régulière de cette discipline permet un bon équilibre physique et mental. L'un et l'autre sont inséparables, le corps est un tout. "Privée de ses racines une plante ne peut grandir, privée de la lumière elle ne peut s'épanouir".

Le Tai-Chi-Chuan composé d'un nombre infini de cercles demande une exécution lente, souple et fluide en coordonnant les mouvements, avec une respiration abdominale, profonde, calme et régulière, en se concentrant sur le champ de cinabre (Dan-Tien). Lorsqu'un membre est en mouvement, tout le corps est en mouvement.

La bonne position du corps dans la phase préparatoire est importante pour le bon déroulement des nombreux enchaînements (Tao ou Tao lu). Durant l'exécution d’un l'enchaînement, il faut observer et ce simultanément et sans contraction, de tenir la tête droite dirigée vers le haut pour faire monter l'énergie au sinciput, d'allonger le dos en rentrant légèrement la poitrine, de relâcher la taille partie dominante du corps, d'abaisser les épaules et de descendre les coudes pour faciliter la circulation du souffle, de distinguer le "vide" du "plein", afin de se mouvoir légèrement et avec agilité. Le regard doit être horizontal, droit devant soi mais ouvert.

Pour apporter un développement harmonieux de tout l'être, les mouvements ne doivent pas être mécaniques mais « réfléchis » et soutenus par la conscience. Savoir ce que l'on fait et comment on le fait est donc fondamental en Tai Chi Chuan. Le YI, l'intention ou la pensée ou encore le mental, doit accompagner le mouvement. D'autre part, chaque mouvement du Tai Chi Chuan obéit à l'équilibre des deux forces qui régissent le monde que sont le Yin et le Yang, qui sont deux forces opposées et en même temps complémentaires : l’une n’existe pas sans l’autre.

Cette discipline peut se pratiquer à tout âge, selon la possibilité de chacun. Il est recommandé de répéter quotidiennement les mouvements, la recherche de la justesse du geste étant infini.

Le Tai Chi Chuan procure un bien être, aide à se concentrer, à se déplacer et à se situer dans l'espace, apporte une vitalité corporelle et psychique, permet de s'enrichir sans cesse.

le 4 décembre 2009 - LM#1